Peu de mathématiciens gagnent leur place dans l'imaginaire collectif. Laurent Schwartz (1915-2002) est l'un d'entre eux. Toute sa vie il a appliqué la même rigueur et le même niveau d'engagement aux différentes facettes de son activité : il fut tout à la fois un grand mathématicien aux intérêts multiples, un professeur passionnant ses auditoires, un militant, un citoyen engagé, et un homme de coeur. (source : Gazette des Mathématiciens) image d'origine :
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Hanjie beaucoup plus facile que 5* ! Bon jeu
La scolarité de Schwartz est brillante, tant en latin qu'en mathématiques. Il entre en 1934 à l'Ecole Normale Supérieure, passe avec succès l'Agrégation en 1937. Ces années de jeunesse sont aussi le moment d'un premier engagement politique, auprès des mouvements trotskistes. Cet engagement sera de courte durée, mais Schwartz le revendiquera toute sa vie.
La vie de Schwartz pendant la 2nde Guerre Mondiale est très riche. D'une part, il est juif, et il doit se cacher et changer d'identité pour éviter la déportation. D'autre part, il découvre le monde de la recherche mathématique en commençant sa thèse à Clermont-Ferrand, où l'université de Strasbourg est délocalisée. Il s'intéresse alors à l'analyse harmonique, et soutient en 1943 sa thèse "Etude des sommes d'exponentielles". Il est aussi intégré au groupe de mathématiciens Nicolas Bourbaki, et est manifestement très influencé par eux.
En 1944, il a, une nuit, une illumination : depuis longtemps les mathématiciens cherchaient à légitimer les calculs faits par les physiciens comme Dirac ou Heaviside, et qui utilisent des fonctions très étranges, par exemple une fonction valant 0 partout, sauf en un point où elle vaut plus l'infini, et d'intégrale 1. Cette nuit-là, Schwartz invente une notion de fonction généralisée, les distributions. Il développera ensuite pendant 4 ans cette théorie, qui est à la fois simple, élégante, et très puissante. C'est aussi une des rares théories mathématiques du 20ème siècle qui puisse être enseignée à l'université à des niveaux raisonnables. Pour cette théorie, Schwartz recevra en 1950 la prestigieuse médaille Fields (il est alors le premier Français à recevoir cette récompense). D'ailleurs, Schwartz aura beaucoup de difficultés pour se rendre aux Etats-Unis pour recevoir cette médaille en raison de son passé trotskiste.
On doit encore à Laurent Schwartz d'autres travaux mathématiques très intéressants, notamment en géométrie des espaces de Banach ou en probabilités. Il faut aussi mentionner que Laurent Schwartz était un grand pédagogue : il a notamment réformé de fond en comble l'enseignement des mathématiques à l'école Polytechnique, où il professeur de 1959 à 1980. Il y a aussi créé un laboratoire de mathématiques parmi les meilleurs du monde.
Son goût pour les choses politiques ou humanitaires ne s'est jamais démenti. Il est farouchement hostile à la guerre d'Algérie (et est plus généralement partisan de la décolonisation); il défend particulièrement la cause de Maurice Audin, jeune mathématicien arrêté par les parachutistes à Alger et probablement "assassiné". Il signe aussi le "Manifeste des 121", qui recommande aux militaires l'insubordination (en représailles il est privé un an de son poste à Polytechnique). Par la suite, il militera activement pour l'indépendance du Viet-Nam. La meilleure source sur Laurent Schwartz est son autobiographie, "Un Mathématicien aux prises avec le siècle", publiée en 1997, qui fourmille d'anecdotes passionantes, un plaisir à lire!
Son histoire a l'air passionnante, il n'y a pas besoin d'avoir tes connaissances en mathématiques pour le lire ?
Cette petite histoire remportait tous les ans le même succès, et les élèves se souvenaient ainsi de la définition des espaces de Banach. A l'étranger, ce type d'astuce ne faisait pas rire, et était même parfois reçu dans un silence glacial, ce qui est profondément désagréable. Il semble qu'il s'agisse là d'humour exclusivement français !".
Ce hanjie tombe à point nommé, je me demandais encore cette semaine quel Schwar(t)z avait fait quoi. Pour la petite anecdote, mon professeur de mathématiques en classe préparatoire nous a une fois raconté le passage d'un taupin en TER : il énonce un théorème et, ne se rappelant plus de quel Schwar(t)z il s'agissait, dit dans un trait d'humour "Je ne sais plus si c'est avec ou sans 't'. De toute façon, ils ne m'en voudront pas, ils doivent être morts.". Un homme se lève alors dans la salle "Excusez-moi, mais je suis Schwartz avec un 't', et il me semble que je suis toujours en vie." puis se rassoit. Le type a fini son exposé avec un de ces mal-à-l'aise... Cette histoire me fait toujours autant rire :)
Pour Max-aux-idées-un-peu-plus-claires, une méthode des coins en C1 permet de placer entièrement le 6 et tout découle à peu près ensuite...
Il paraît que le CERN n'est pas le Centre Européen de Recherche Nucléaire mais, au départ, le Conseil Européen pour la Recherche Nucléaire (info tirée de "Le théâtre quantique" d'Alain Connes et 2 autres auteurs).