Pendant l’absence de ses cinq sœurs, la plus jeune, restée seule auprès de la fenêtre, les suivait du regard et avait envie de pleurer. Mais une sirène n’a point de larmes, et son cœur en souffre davantage.
« Oh ! si j’avais quinze ans ! disait-elle, je sens déjà combien j’aimerais le monde d’en haut et les hommes qui l’habitent. »
Le jour vint où elle eut quinze ans.
« Tu vas partir, lui dit sa grand-mère, la vieille reine douairière : viens que je fasse ta toilette comme à tes sœurs. »
Et elle posa sur ses cheveux une couronne de lis blancs dont chaque feuille était la moitié d’une perle ; puis elle fit attacher à la queue de la princesse huit grandes huîtres pour désigner, son rang élevé.
« Comme elles me font mal ! dit la petite sirène.
- Si l’on veut être bien habillée, il faut souffrir un peu, » répliqua la vieille reine.
Cependant la jeune fille aurait volontiers rejeté tout ce luxe et la lourde couronne qui pesait sur sa tête. Les fleurs rouges de son jardin lui allaient beaucoup mieux ; mais elle n’osa pas faire d’observations.
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