L'homme n'avait jamais été tendre envers la Terre qui l'avait porté. Jusqu'au bout, il avait asséché la dernière rivière pour alimenter ses monocultures, il avait péché jusqu'au dernier thon rouge qu'il avait consommé avec délice, avec acharnement il avait brulé jusqu'au dernier litre d'hydrocarbure. Il avait scié sa branche avec un tel acharnement et une telle méthode qu'on aurait dit que sa vie en dépendait. Cela aurait presque dans d'autres conditions forcé le respect.Presque. Désormais ses enfants , Adam et Eve contemporains de deuxième génération avaient récolté les fruits maudits.
La crise écologique de 2894 avait précipité les statistiques. Tandis que les neo-verts se battaient encore pour une accession au pouvoir illusoire et factice, le dernier pan de couche d'ozone avait fichu la camps! Corps et bien. Une secte s'était alors créée de toute pièce, du jour au lendemain, les "sol", qui prônaient les bains de soleil pleins de vitamine D plusieurs fois par jour, affirmant que tout était prévu dans le grand plan cosmique. L'épidémie de cancers qui s'en suivit vint vite doucher les effusions de joie des zélotes.
En 3009, après des années de travail acharnée jour et nuit, on avait enfin fini la construction du solardôme, gigantesque structure de métal qui allait enfermer les derniers survivants de l'humanité dans la mégalopole de cinq millions d'habitants rebaptisée EDEN.
Quand les usines fonctionnaient à plein régime la moitié de l'année, les émanations toxiques des proto-usines n'avaient pas le temps de s'évacuer hors du dôme et on voyait alors des volutes de fumées noirâtres et âcres se déverser au sein même du demi globe de métal.
Rien d'étonnant alors au fait que tout le monde ait pris l'habitude de vivre avec des oxymasques de dernière génération sensés protéger des particules nauséabondes... quand les filtres fonctionnaient. On ne l'enlevait plus que pour manger. Et encore.
7:oo, la lumière fut dans EDEN. Les puissants projecteurs se mirent en marche une à une dans un vrombissement unanime qui donnait presque la nausée. L'ouvrier s'éveilla, avala ses trois morphopillules sensés lui couper la faim au moins jusqu'à midi. Pour faire passer le goût terrible il avala un verre de lait reconstitué, s'habilla, fila à la porte et sortit.
Juste le temps d'entrer dans la navette de 7:l9qui l'emmènerait à l'usine de pseudoviande à base de soja génétiquement amelioré à dix minutes de là.
Une journée de plus au paradis pour quoi? pour rien.
La suite, vite.
dans 1005 ans, nous verrons bien (si, si) si Kazan était un bon visionnaire.
Il n'y était jamais question d'environnement... :(